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Edwige

Depuis quelque temps, je fais des séances de madérothérapie. C’est une espèce de massage avec des instruments en bois, de forme barbare. Les premières fois, j’en suis sortie avec des bleus partout, mais cette torture douce stimule tout le corps, favorise la circulation du sang, etc. Bref, on se fait du mal pour se faire du bien !

Et surtout, ça me permet, environ une fois par semaine, de passer une heure avec Edwige. En la voyant, toute fine, rien ne peut laisser présager la force qu’elle met dans ses massages. Pourtant, quelle énergie ! C’est d’ailleurs le mot qui la caractérise le mieux. Un corps mince et nerveux, un sourire qui se promène sur son visage expressif ; chez elle tout est mobile : son regard qui vous scrute avec bienveillance, ses mains habiles, les traits de son visage qui laissent passer toutes ses émotions. Chacun de ses gestes sur votre peau diffuse cet élan vital.

C’est facile de prendre son coiffeur ou sa masseuse comme confidents : ils touchent notre corps, on est vulnérable sous leurs doigts. À poil, chez la masseuse, et les poils mouillés chez le coiffeur. (Osez dire qu’on n’est pas vulnérable quand on se retrouve en peignoir, des papillotes en aluminium plantées tout autour de la tête, l’air hirsute et ridicule dans le miroir !) Mais c’est tellement plus agréable quand celui ou celle qui prend soin de vous nous offre un peu de lui-même. Pendant 60 minutes, on échange, on parle en cœur à cœur… ou en surface, tout dépend de l’humeur.

La conversation roule sur les enfants, les chats, les mauvais conducteurs qui font des crasses en voiture, l’éducation, la santé, la méditation, la famille… Au fil des séances, on se dévoile. Car pas question pour Edwige d’être seulement une oreille attentive : elle, son truc, c’est le partage. Je connais sa belle relation avec sa fille, son histoire familiale. Petit à petit, je connais aussi ses blessures, et son incroyable force pour rebondir. J’ai rarement vu une fille aussi positive. S’apitoyer sur son sort ou ses difficultés, très peu pour elle. La vie est trop courte pour ça. Avec elle, on est embarqué et on se met au diapason, même si on arrive fatigué ou déprimé.

D’ailleurs la morosité fait long feu, avec Edwige. Pas question de perdre du temps à se morfondre, quand on peut s’efforcer de trouver du positif partout où on peut. “Il y a des choses plus graves” semble être son credo absolu.

Il y a des gens, comme ça, qui sont comme des prises électriques pour les autres : on s’y branche, on sort de la rencontre avec les piles remises à neuf. Edwige, c’est mon temps de chargement hebdomadaire. Et vous, vous avez aussi, autour de vous, de belles personnes avec lesquelles vous régénérer ?

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