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Nous, funambules

Un premier cri.
Un dernier souffle.
Entre les deux, une ligne tendue.
Et nous, les funambules, glissons au-dessus du vide.

Vertige de la gueule ouverte sous nos pas.

Vide de toutes nos vies désertées par l’amour,
Vide de nos foyers devenus silencieux, dans lesquels les absents nous fixent, en photo, de leur regard éteint,
Vide de nos ventres de femmes, repliées sur nos entrailles stériles,
Vide de nos cœurs asséchés dont nous cachons les blessures derrière nos poings serrés,
Vide de nos mains ridées qui n’agrippent, dans l’appartement blanc, que du temps qui s’effrite, en mille fragments de solitude,
Vide de nos mémoires que le temps déchiquette,
Vide de nos écrans qui nous drainent et nous creusent, goutte à goutte, nos cerveaux de calcaire deviennent poussière de craie qui s’efface dans le vent,
Vide de nos corps criblés des plombs des maladies du siècle,

Vide et vertige.

Gouffre noir sous nos pas, aux mille visages grimaçants, aux mille crocs faits pour meurtrir, aux mille griffes venues pour nous saisir.

Vide à hurler.
Hurler et chuter.
Chuter et disparaître, oblitéré par le Néant.

Et nous, funambules, glissons,
un pas, puis l’autre,
les bras en balancier,
entre le premier cri et notre dernier souffle,
la respiration haute,
les mains tendues au-dessus du vertige.


Dans une main, l’espoir,
et dans l’autre la plume, celle dont le poids suffit à retenir notre âme.

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