AVERTISSEMENT : Les opinions des personnages leur appartiennent et doivent être distinguées de celles de l’autrice.
Conversation. Pièce en un acte.
(Un bus de ville, en milieu d’après-midi. Du monde mais beaucoup de places assises. La femme est assise au milieu. Derrière elle, deux hommes, âge moyen, discutent.)
– Quand même, Véronique, c’est bien desservi, chez elle !
– Ah ben heureusement, parce qu’avec toutes les activités qu’elle a…
– Ben oui, puis faut dire qu’elle s’investit dans sa copropriété.
– (admiratif) Ah ça oui, elle s’investit. Elle est bien la seule, d’ailleurs, tiens. Tout ce qu’elle fait pour les autres, et personne de reconnaissant. Oh là là, moi je pourrais pas. Non, je pourrais pas. (secoue la tête)
– Vivre dans une copropriété, de toute façon, c’est que des ennuis. C’est quand même mieux une maison individuelle.
– Ben oui mais tout le monde ne peut pas, hein. Oh là là, puis tu as vu ce qu’il se passe en Israël ?
– Ah oui, c’est terrible. (air compatissant)
– Ben oui mais quand même, on ne peut pas complètement en vouloir aux palestiniens, hein.
– Quand même, si, là, ils y sont allés fort.
– En même temps, il y a plein de choses qu’on ne dit pas. Il paraît que beaucoup ont été chassés de chez eux par les israéliens. Alors forcément, quand tu es chassé de chez toi, ça doit un peu te mettre en colère.
– Ben oui mais quand même.
– (court silence) Tu savais que maintenant, les propriétaires de résidence secondaire vont devoir payer la taxe d’habitation et la taxe foncière, les deux ?
– (indigné) Non, c’est pas vrai ? tu as lu ça où ?
– Sur l’internet.
– Roh là là, ben décidément. Faudra pas s’étonner si plus personne n’a de résidence secondaire, hein.
– Ah ça non. (on arrive à un arrêt où beaucoup de monde attend). C’est fou quand même ce qu’il y a comme femmes avec des tatouages, maintenant.
– Partout ! Il y en a partout ! Des femmes… et même des filles !
– C’est des trucs des réseaux sociaux, ça. Un truc de mode. Mais bon, tout de même, ça fait bizarre. Sinon, on va manger quand au restaurant des jeunes, là, l’école de cuisine ?
– Tu as envie d’y aller ?
– Oui, oui, j’irais bien. (le bus repart)
– Et bien on y va. J’appelle et je réserve. Remarque, je peux aussi y passer, on peut réserver en y allant. Mais sinon, j’appelle. Si ça te fait plaisir d’y manger, j’appelle. Tiens, regarde, c’est la pharmacie où on allait quand on venait en vacances.
– Ah tiens, oui ; mais dis donc, ils ont agrandi.
– Oui mais ça n’a pas trop changé, on reconnaît quand même. Bon en même temps, une pharmacie, ils ne vont pas changer l’enseigne.
– Je crois que c’est là qu’elle vient aussi, Véronique. Celle à côté de chez elle, ils ne sont pas sympas, paraît-il.
– Enfin tu vois, on descend à l’arrêt suivant, et hop, le bus 40. Elle est quand même drôlement bien desservie, Véronique.
(Tandis que les hommes se lèvent et se dirigent vers la sortie, le reste de la conversation se perd dans le bruit de la porte qui s’ouvre et des passagers qui circulent. Les deux hommes descendent. Le rideau tombe. Fin.)