Aller au contenu
Accueil » Articles » Ce n’était rien

Ce n’était rien

La situation internationale déverse son lot d’horreurs. La boîte mail se remplit d’appels au secours d’ONG qui tentent désespérément de réparer les conséquences de la barbarie, un peu partout dans le monde.

Plus près de moi encore, dans mon pays, dans la communauté éducative dont j’ai fait partie pendant 20 ans, l’assassinat d’un enseignant choque, par l’acte lui-même et le symbole qu’il représente.

Raconter mes petites scènes de vie, évoquer l’automne qui vient ou les bonheurs du jardinage, cela frôle l’indécence, non ?

Mes mots ne consoleront pas la veuve et les enfants de Dominique Bernard ou de Samuel Paty, ni le compagnon d’Agnès Lassalle.
Mes phrases sont impuissantes à rétablir la paix mondiale, à endiguer la famine.
Mes textes ne seront pas un refuge pour tous les enfants broyés par la guerre.

Pourtant je veux croire que mes écrits servent à quelque chose. À équilibrer la balance, peut-être ? À injecter de minuscules vaccins contre les maladies de notre époque : particules d’espoir, bribes de beauté, instants amusants ou émouvants, esquissés pour vous.
Car notre quotidien ne peut pas être sans cesse voilé de tragédie.
D’ailleurs, il ne l’est pas : on entend les infos, on compatit, on tremble, on pleure en dedans. Et puis la voiture fait un bruit bizarre et on note mentalement de contacter le garagiste. La liste de courses s’allonge. Il faut emmener le petit dernier chez le dentiste. La voisine s’est encore garée sur votre place et ça vous énerve. Le collègue relancé il y a trois jours ne vous a pas rendu le dossier pourtant urgent qu’il devait boucler. Votre nouveau-né pleure toutes les nuits et vous, jeunes parents éperdus de fatigue, ne savez plus comment l’apaiser.
La tragédie s’efface, passe au second plan. Le théâtre quotidien reprend ses droits. Les petites contrariétés suivent les grands élans de compassion.
Alors sans autre prétention, je propose avec mes billets des entractes. Des temps de pause, de respiration, pour continuer malgré tout à porter sur nos frères humains un regard positif. Ne pas se laisser happer par la noirceur. Lutter à sa mesure contre le désespoir ou le découragement. Remettre du bon dans l’univers, pour ne pas se sentir complètement impuissante.

Voulez-vous essayer avec moi ?

J’ai ainsi appris qu’aujourd’hui, c’était la journée mondiale du pain. (Je ne savais même pas qu’il y avait une journée mondiale pour ça !) Nous avons la chance de vivre dans un pays où on peut trouver de la farine et de la levure dans le moindre supermarché. Nous tournons un robinet pour avoir de l’eau à volonté. L’électricité alimente nos foyers et nos fours.
N’attendez plus : saisissez votre téléphone pour chercher une recette. Installez vous dans votre cuisine. Lancez votre playlist préférée ou restez dans le silence : au choix.
Plongez les mains dans votre mélange. Pétrissez avec amour ces éléments si simples, qui donneront l’essentiel au corps et à l’âme.
Et ceux avec qui vous partagerez le pain chaud pourront chanter avec Brassens :
Ce n’était rien qu’un peu de pain
Mais il m’avait chauffé le corps
Et dans mon âme il brûle encore
À la manière d’un grand festin.

PS : Si vous n’avez pas trouvé de recette, suivez celle de René Barjavel, en regardant cette pépite de l’INA. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *