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Kouign-amann, non-temps et hérisson

(même pour le titre, je n’ai fait aucun effort !)

Dernier billet de l’année 2022 et aucune inspiration, j’avoue, pour écrire. Pas seulement pour écrire, d’ailleurs. Arrivée à cette période de l’année, j’ai toujours l’impression que ma réserve d’énergie est vide et mon cerveau avec. Cette période de vacances déclenche en moi une irrésistible envie de faire des heures de sieste, mais ne me procure absolument aucune motivation pour quoi que soit d’autre. Ah si, manger. De préférence du sucré. Et du gras. Ma famille bretonne, montée pour Noël, n’a même pas pensée à satisfaire ces deux envies en une seule fois, en m’apportant du kouign-amann. Lamentable. 

Bon, à défaut de faire quoi que ce soit de constructif, je laisse mes chats croire que je suis un coussin (de plus en plus moelleux)(la faute à tout ce qui compense – à peine – l’absence de kouign-amann) et je scrolle sur les réseaux sociaux. Je dépense ainsi les minutes en ce que Fabien Olicard appelle le « non-temps », un temps qui ne sert à rien, n’enrichit en rien, n’apporte rien et ne permet aucun progrès personnel. Tout à fait ce qu’il me faut, en somme, ça me repose du reste de l’année et de ma fringale permanente de trucs-à-apprendre. 

Me voilà donc en train de parcourir le grand n’importe-quoi du net, passant allègrement d’un reportage sur les décorations de Noël à un article sur le réchauffement climatique. Article que je m’empresse de fermer – j’attends janvier pour recommencer à déprimer sur le sort du monde – pour regarder à la place la vidéo d’un bébé hilare, enchaînant sans prendre le temps de souffler sur une autre exposant l’amitié entre un chien joueur et un cerf qui lui rend visite chaque matin. Une image de hérisson choupi m’arrête, je clique sur le bouton « play », et voilà que la scène devient traumatisante : la petite créature se transforme en démon sorti de l’enfer lorsqu’elle se rue goulûment sur un asticot qu’elle déchiquette en quelques secondes. Brève pensée pour le délicieux « Arthur », hérisson apprivoisé d’Emilie dans les livres pour enfants du même nom, moue dégoûtée, je zappe. Des chats qui mesurent mal les distances avant de sauter, et les chutes qui s’ensuivent. Je pouffe. Une vidéo d’un phoque venu se reposer sur le paddle d’un vacancier, une autre dans laquelle une baleine à bosse s’approche, joueuse, d’un kayak et de son occupant, je m’émeus. Je passe les polémiques, esquive les débats, me contentant de tutoriels sur la manière de réussir sa bûche de Noël ou de recycler ses vieux vêtements – mais comment aboutit-elle à un tel résultat ?oh mon dieu il faut absolument que j’essaie de faire ce sac en lanières de t-shirt ! … mais demain, plutôt. 

Je fais glisser les images comme des grains de sable entre mes doigts, happe au passage des bribes de textes, une musique, un fragment de beauté, une éclaboussure de rire, une ébauche de projet pour l’an prochain, une idée à tester. Je perds mon temps. Et c’est un luxe dont, pour une fois, je profite. 

PS : que celui qui n’a jamais voulu adopter Arthur, étant enfant, me jette la première pierre, mais franchement, est-ce que ce n’est pas extrêmement choupi, un hérisson ? 

PPS : d’ailleurs, vous saviez, vous, que le bébé hérisson n’avait pas de nom officiel ? je vous propose donc de militer pour l’introduction dans le dictionnaire du mot « choupisson », inventé par Pierre Kerner

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