Hej !
Vous vous demandez sans doute ce que signifie ce drôle de titre : « Mys et Fika » ?
Non, non, « Mys » et « Fika » ne sont pas les noms de mes chats ni de deux nouveaux meubles en kit. Il s’agit de deux termes suédois, intraduisibles.
D’ailleurs, je soupçonne les suédois de vouloir exporter petit à petit leur langue que personne ne prend la peine d’apprendre. Ma cousine suédoise m’a dit un jour, alors que je m’émerveillais devant ses facilités en langue étrangère : « Tu sais, personne dans le monde ne parle suédois, à part les suédois, alors on doit s’adapter ! ». Et hop, voilà qu’en douce, ils donnent un mot précis à un art de vivre qui leur est propre, mais que tout le monde a envie d’adopter.
C’est ainsi que, comme après un passage à Ikea, des mots se glissent peu à peu dans notre quotidien. (Que celui qui n’a jamais dit « la bestå » pour « la bibliothèque » me jette la première pierre.) A ce propos, si vous voulez vous amuser un peu, vous pouvez aller faire un tour sur le dictionnaire ikea , créé par Lars Petrus, champion de Suède de Rubik’s Cube.
Laissez-moi vous expliquer comment j’ai découvert que je pratiquais ces deux concepts sans le savoir et ne vous étonnez pas s’il vous vient après m’avoir lu des envies de plaids douillets et de musique jazz.
L’été se passe et se prolonge dans le Sud, entre chaleur et ciel uniformément bleu, jusque fin septembre. Puis, le soleil s’abaisse sur l’horizon, les jours raccourcissent, les feuilles rougissent. C’est le moment de l’année où tout mon être devient poreux, envahi par le blues, happé par le sentiment de notre propre finitude. Fin d’un cycle, moral en berne. Puis, les premières pluies, le froid qui incite à remettre un pull – voire le chauffage ! – et des envies pointent le bout de leur nez : le matin au réveil, allumer une bougie ; en rentrant, troquer ses vêtements de travail pour un pull moelleux et un pantalon plus confortable ; préférer une infusion parfumée à un café fort ; enfouir ses pieds dans des chaussettes épaisses. Mais par dessus tout, ralentir le rythme. Prendre quelques minutes supplémentaires pour savourer un thé sans consulter ses mails ni scroller sur instagram. Couper les notifications. Ne pas s’obliger à quoi que ce soit, le temps d’une pause. Ne pas avoir l’énergie de faire à dîner, l’accepter, et partager en famille un dîner-petit déjeuner à base de tartines et de chocolat chaud.
Voilà que la déprime automnale se dissipe comme par magie. On se fait du bien, on se concentre sur le moment présent, on savoure.
Si vous vivez cela en ce moment, que vous n’avez qu’une envie en arrivant au week-end : vous faire plaisir, sans contraintes, profiter de votre cocon et de vos proches, vous protéger du monde extérieur et de ses agressions, alors, vous savez déjà pratiquer le « mys » !
Et pour peu que vous ayez choisi de partir un peu plus tôt du boulot, de retrouver des amis pour partager boissons chaudes et pâtisseries savoureuses, vous avez également pratiqué le fika ! Plus qu’une simple pause café, c’est une manière de savourer la vie avec gourmandise – au sens propre. Evidemment, cela prend tout son sens en Suède où l’obscurité est quasi permanente en cette saison, à peine combattue par la blancheur de la neige… Les cafés y sont d’autant plus attirants, refuges chaleureux où l’on s’installe pour déguster gâteaux et conversations.
Il suffit de peu pour mettre de la lumière dans sa vie quand la période est sombre. Les suédois l’ont bien compris, eux qui doivent garder le moral pendant la longue nuit d’hiver. Alors vous aussi, ralentissez, laissez le Mys envahir votre quotidien, et pratiquez le Fika sans modération : il n’est jamais inutile de prendre soin de soi…