Le 3 novembre, c’était la journée internationale de la gentillesse. J’ai toujours trouvé bizarre cette idée d’une “journée pour”… les 364 autres jours de l’année, ça veut dire qu’on peut être méchant ?
Une journée, donc. 24h pour réfléchir : c’est quoi, être gentil ? et pourquoi ça sonne souvent comme un défaut ? “Tu es trop gentil”, sous entendu : “tu te fais avoir par tout le monde”.
Ou encore le vieil argument anti-bons sentiments : “ce n’est pas le monde des Bisounours !”.
Gentil passe trop souvent pour synonyme de “naïf”, “crédule”, “pigeon”, celui qu’on exploite parce qu’on sait qu’il ne dira pas non.
En commençant ce billet, j’avais d’abord envie d’expliquer le lien entre gentillesse et empathie, de parler de leurs bienfaits (y compris pour la santé). Mais bon, je ne vais pas faire un cours, d’autres vous expliqueront ça bien mieux que moi (ici, par exemple)
Puis je me suis demandé un truc : comment se fait-il qu’on demande sans arrêt aux enfants d’être gentils (ou “sages”, ce qui revient un peu au même) et qu’à l’âge adulte, ça devienne presque un défaut ? Peut-on d’ailleurs être “trop” gentil ? La gentillesse est-elle un excès de mollesse qu’il faut combattre ? Être gentil, est-ce être faible ?
Vous avez quatre heures.
Moi je crois surtout qu’être gentil, ça facilite la vie. Il ne s’agit pas, bien sûr, de s’oublier tout le temps au profit des autres. Être gentil n’empêche pas de dire non, d’affirmer son point de vue, d’écouter ses besoins. La gentillesse ne se force pas, ne s’impose pas, ne nous efface pas.
Être gentil, c’est remplir sa vie de petits bouts de joie au lieu de l’intoxiquer par des râleries, de l’agressivité, des conflits, des agacements. C’est dire à la caissière de carrefour qu’elle a de jolies boucles d’oreille et la faire sourire. C’est laisser passer quelqu’un en voiture alors que l’autre conducteur n’a pas forcément la priorité, et se réjouir de son air surpris et de son geste de remerciement. C’est faire preuve de patience avec la voisine qui vous raconte les misères de son chien-qu’elle-a-dû-emmener-chez-le-véto-parce-que-vous-comprenez-il-avait-du-mal-à-marcher-et-oh-là-là-qu’est-ce-que-j’ai-eu-peur-mais-il-a-quand-même-douze-ans-et-sans-doute-de-l’arthrose-a-dit-le-véto-vous-saviez-vous-que-les-chiens-pouvaient-en-avoir-et-bon-du-coup-il-a-des-médicaments-mais-c’est-pas-facile-de-lui-donner et savoir qu’après votre conversation elle était plus sereine. C’est passer devant chez le chocolatier, entrer sur un coup de tête, acheter une plaquette pour réconforter un collègue qui traverse une période compliquée, et la déposer sur son bureau anonymement. C’est prendre le temps de renseigner deux touristes dans la rue, même si on parle anglais comme une vache espagnole, juste parce qu’ils ont l’air vraiment paumés, et finalement les accompagner jusqu’à l’arrêt de bus pour être sûr qu’ils ont bien compris quel ligne prendre.
Bref, c’est mettre de l’huile dans les rouages, soigner nos relations aux autres, refuser de s’aigrir et vivre plus heureux.
Alors vive la bisounours attitude !