Ça n’aura échappé à personne : le vent a soufflé de manière virulente ces derniers jours. Enfin, quand je dis « ça n’aura échappé à personne », je mens un peu. Il se trouve que dans notre petit quartier de Toulon, nous avons été épargnés. Au point que ma famille bretonne était presque vexée que je ne demande pas plus de nouvelles. D’habitude, l’exagération est du côté des méditerranéens, mais là, on était complètement à côté de la plaque. Du vent ? Quel vent ? le petit mistralou qui a a soufflé l’autre nuit ? Hein ? Des toits détruits ? Des rues inondées ? Des arbres arrachés ??
Bref, j’ai honte de le dire mais je suis passée pendant quelques jours à côté de l’info.
À ma décharge, j’étais très occupée à préparer un Halloween mémorable pour le fils de ma cousine, 5 ans (le fils, pas ma cousine), qui nous rendait visite justement cette semaine. Devant mes ribambelles de chauve-souris et de fantômes, ma citrouille terrorisante et mes araignées pendues dans tous les coins, mes enfants se sont à leur tour vexés. Soi-disant que, « quand ils étaient plus jeunes, je n’avais jamais fait ça pour eux ». Ils oublient bien vite les anniversaires pirates, les heures passées dans l’enfer des jeux pour enfants au square, et les non moins abominables invitations dans des hangars avec trampolines et autres jeux gonflables, bondés de mômes hurleurs qui eux, s’amusent bien, pendant que les parents sentent monter la migraine du siècle. Ingrats, va.
Après avoir donc déçu, la même semaine, mes enfants et ma breizh famille, je m’apprêtais à entamer une semaine de rentrée d’autant plus détendue qu’elle implique maintenant que ce sont mes fils qui retournent à l’école et pas moi. C’était sans compter sur la tempête. Elle aussi a des sentiments. Elle aussi peut se vexer. Elle a donc décidé, puisque je l’avais superbement ignorée tout au long de la quinzaine passée, de déferler à nouveau rien que pour moi, dans mon petit quotidien bien organisé.
C’est ainsi que la journée a vu défiler, dès le réveil (beaucoup trop tôt, déjà), une succession d’imprévus qui m’ont menée successivement dans deux cabinets médicaux, une pharmacie, en conversation téléphonique avec un CPE, une psychologue, une ostéopathe, trois secrétaires différentes. Malgré la belle application que cette tempête familiale mettait à bordéliser ma journée, elle n’a pas réussi à me faire appeler les pompiers. Pourtant j’ai essayé, en faisant brûler ce que j’avais mis au four (et oublié, au milieu du chaos ambiant). C’est dommage, quitte à avoir une journée totalement sens dessus dessous, voir débarquer chez moi quelques pompiers baraqués et en tenue aurait considérablement adouci l’ambiance.
Certains soirs, on va se coucher en espérant que le lendemain sera un peu plus calme. Mais on ne se plaint pas. On se souvient que l’univers a sa manière bien à lui de nous rappeler nos limites, et qu’il ne cherche qu’à nous débarrasser de notre sale habitude de vouloir tout contrôler. On s’abandonne aux vagues et au vent, en espérant que la tempête qui passe ne nous détournera pas trop de notre cap. On ne lutte pas contre le courant, on flotte.
Demain, on verra bien quel rivage nous attend.