Si vous avez déjà eu l’occasion d’aller à l’hôtel, vous avez connu le plaisir des serviettes de bain moelleuses impeccablement roulées dans la salle de bain, du drap parfaitement tiré sur le lit, des oreillers rebondis. Le plaisir est d’autant plus grand qu’on n’a pas eu à lancer la machine, à étendre le linge et à faire rentrer cette fichue couette dans sa housse.
Et chez soi, alors ?
Quand mes fils étaient petits, ils aimaient se glisser le dimanche soir dans des draps tout propres. Je faisais avec eux ce que ma mère m’avait fait quand j’étais petite : au-dessus de l’enfant couché, soulever le drap le plus haut possible pour provoquer un souffle frais, puis faire retomber le drap comme une caresse. “Ça donne l’impression de s’envoler, maman !”
Mes fils sont adolescents maintenant. Cela fait bien longtemps que je ne lance plus le drap par dessus eux le dimanche soir. Je ne dis pas ça pour me faire plaindre, ce sont des ados plutôt sympas. Et propres. (Ça compte).
Mais bon, évidemment, un ado, ça a beaucoup la flemme, et peu de motivation, surtout quand il s’agit de ranger / plier / trier / organiser. La peur du courroux maternel les incite de temps à temps à rassembler le fouillis en tas dans un coin de leur chambre, voire à le rentrer de force dans un tiroir ou une armoire, mais globalement, ils ne montrent pas un enthousiasme délirant quand il s’agit d’étendre leurs t-shirts ou de plier leurs slips.
Pourtant, avec mon mari, on ne lâche rien. Sans se décourager devant la force d’inertie liée à leur âge, on leur rappelle chaque jour de faire leur part. Mais j’essaie aussi de leur montrer que ces tâches routinières ne sont pas que des corvées.
Puisqu’elles sont incontournables et qu’il nous faut les assumer tout au long de la vie, autant en faire une source de contentement.
Placer toute son attention dans le geste, dans la main qui passe sur le t-shirt pour effacer les plis. Avoir l’œil qui mesure au plus juste l’endroit de la pliure. Retirer du doigt les derniers becs et aligner ainsi les vêtements, tous à la même taille. Les placer dans les armoires entre les sachets de lavande, en petites tours colorés. Constater que le travail est fini, a été bien fait. Avoir plaisir, le matin, à retrouver tout de suite la pièce de vêtement qu’on cherche.
Ce n’est pas facile d’accorder toute son attention à ces tâches qu’on perçoit souvent comme ingrates. Le panier à linge se remplit plus vite qu’il ne se vide, on a l’impression qu’on est toujours celui ou celle qui vide le lave-vaisselle, remet le rouleau de papier toilette, sort la poubelle, ou passe l’aspirateur. C’est une source de tension ou au moins de discussion et parfois de frustration dans un couple, une famille.
Mais si de temps en temps au moins, on prend conscience qu’en faisant tout ça, en réalité, on fait bien plus que du rangement, du ménage ou la lessive ? En faisant tout ça, on prend soin de son foyer et de ceux qui y vivent. On fait de son mieux même pour quelque chose qui nous semble anodin.
On s’applique.
Pas pour une récompense, un merci ou des félicitations. Non, juste comme ça, gratuitement, pour le plaisir de faire bien.
Alors les piles de linge n’alourdissent plus vos journées déjà bien chargées. Au contraire, quand vous les regardez, vous vous sentez empli d’un sentiment d’accomplissement.
L’artisan qui met le dernier coup de pinceau sur le meuble qu’il vient de finir, ou l’artiste qui se félicite de la naissance de son nouveau tableau ne contemplent pas avec plus de fierté leur œuvre.
C’est si simple de devenir l’artisan de son quotidien, pour le bonheur de la belle ouvrage.
(Je vous dirai dans quelques années si j’ai réussi à faire comprendre ça à mes enfants…)
Comment tu décris bien ces tâches ménagères ! Pour ma part, ça ne me dérange pas de plier et repasser le linge, mais je n’aime pas le ranger dans l’armoire.
Petite anecdote: quand j’étais encore avec mes béquilles au mois de mai, mon petit-fils me dit » Mamie je te ramasse le linge » et voilà qu’il rentre dans la maison avec le linge et je ne le vois pas revenir de suite, avec son frère et moi restés dehors…peut importe il doit jouer …
Le soir venu, je pense qu’il me faudrait plier mon le linge, qui était principalement du linge que l’on appelle « blanc » sans besoin de repassage… Mais je ne le trouve pas … où l’a t-il mis ? A ma grande surprise, je l’ai trouvé plié et rangé dans la commode et le placard!
Il est adorable!
C’est très mignon en effet !