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Lâcher prise

Vous connaissez le principe des bonnes résolutions ? Ce moment où on se promet – juré craché – qu’on va se lever tous les matins à 6h pour faire une heure de sport pour commencer sa journée. Ou qu’on va totalement supprimer le sucre de son alimentation. Ou bien que, cette fois c’est décidé, on va publier avec régularité trois fois par semaine sur notre blog. Ou qu’on va faire du tri dans les paperasses et ranger ensuite au fur et à mesure. (La liste n’est pas exhaustive). 

Au début, on est à fond, on s’y met avec enthousiasme. On est même très fier de constater cette régularité que nous envierait un horloger suisse. On proclame à qui veut l’entendre qu’on a repris les choses en main, qu’on fait preuve d’une autodiscipline de fer et qu’en plus, ça ne nous demande presque pas d’effort. 

Puis arrive un matin où le réveil sonne et où, non, vraiment, c’est trop tôt, on n’est pas motivé, pour une fois qu’on s’autorise à grappiller un peu de sommeil, on reprendra demain. Un moment où le yahourt nature du soir nous paraît bien fade, alors bon, pour cette fois, cette fois seulement, on y met une cuillerée de confiture, juste pour le goût. Une semaine où, entre les courses, le boulot, les enfants, le match de rugby du samedi après-midi et le repas dominical chez les beaux-parents, tiens, on n’a publié que deux articles, puis seulement un, tant pis, ce n’est pas grave, on reprendra le rythme le mois prochain. Un instant où, dans un moment de flemmardise aigüe, on dépose la facture du syndic dans un coin du bureau en se promettant vraiment que dès le prochain courrier, on rangera les deux d’un coup. 

Je vous le dis, quand ce moment arrive, cet instant où l’écart par rapport aux règles fixées nous paraît acceptable, on a alors une capacité de déni étonnante. On peut avoir pourtant des années d’expérience, on y croit quand même, à cette hypothétique reprise en main. On est persuadé que si si, dès le lendemain, on va retrouver toute notre motivation. 

Mais que nenni. Fous que nous sommes ! (Ces deux expressions sont là pour la caution littéraire de cet article.)

On vient de poser le pied sur une pente savonneuse, qu’on va dévaler si vite qu’on ne se rendra compte de la fulgurance de notre descente que lorsque notre cerveau nous présentera les excuses suivantes : « monter trois étages tous les soirs en rentrant du boulot, après tout, c’est du sport » , « ce n’est pas ce deuxième Paris-Brest qui va te faire du mal, toute pâtisserie dégustée avec plaisir ne peut être que bénéfique » « après tout, étant donné le peu de lecteurs de ton blog, personne n’ira râler si tu y publies juste une fois de temps en temps » « bof, tu rangeras ça tout d’un coup fin décembre… » 

Soyez-en sûr, dès que vous prononcez mentalement ce type de phrases, c’est fichu. 

Alors bien sûr, ce genre de choses nous arrive à tous. Une soirée arrosée le soir de la Saint Sylvestre, notre reflet dans le miroir de la cabine d’essayage, une prise de conscience soudaine de notre manque de rigueur. Je pense toutefois avoir élevé le phénomène à un niveau stratosphérique. Je ne compte plus les projets avortés, les journaux intimes commencés et jamais finis, les plannings vite relégués dans un coin, etc. 

Face à ce constat accablant, et forte des mois d’introspection qui viennent de s’écouler, j’ai pris une grande décision, dès le 01 janvier : ne prendre aucune bonne résolution. Ne rien me promettre à moi-même, ne prendre aucun engagement. 

Entendons-nous bien, je virevolte tout autant qu’avant d’une activité à l’autre. Je papillonne d’un entassement de paperasses à des articles écrits quand j’en ai envie. J’alterne quand je le sens orgie sucrée et journée ascétique. Je me lève parfois le matin pour une séance de yoga, pour me prélasser sans scrupules le dimanche suivant jusqu’à des heures indues sous la couette. 

Sauf que je le fais sans pression, et mon cerveau, ce juge sévère, apprend doucement l’indulgence. 

Bref, je me fous la paix. Et ça, croyez moi, c’est la meilleure résolution qu’on puisse prendre ! 

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