As time goes by

Hier, mon mari fêtait ses 44 ans. Ce qui signifie, puisque nous n’avons que quelques mois d’écart, que je vais bientôt moi aussi atteindre l’âge avec lequel on ne peut pas tricher (et oui, quel que soit l’ordre dans lequel on place les bougies, ça fait toujours 4 d’un côté et 4 de l’autre !)

Anniversaire, journée festive. Mais que fête-t-on au juste ? La chance d’avoir duré jusque là, en bon état – ou à peu près ? La joie d’être entouré ? Le plaisir d’une occasion de soigner un peu plus le repas, de sortir une bonne bouteille de vin ? Et peut-être, en cette période douloureuse pour tant de gens, le soulagement de vivre en sécurité au milieu des siens, avec un toit sur la tête et un frigo rempli ? 

Je regardais donc mon époux souffler ses bougies et songeait à tout cela. 17 ans que je connais cet homme, 12 ans que nous sommes mariés. Comme les chats, il n’aime pas qu’on bouscule ses repères, et je sais que mon changement de vie actuel le perturbe un peu. Pourtant, il me soutient, il m’encourage, il attend patiemment qu’un nouvel équilibre se reforme. 

C’est drôle, l’amour. Avec le temps, le coeur s’affole moins, la tête ne tourne plus autant en présence de l’autre. A défaut d’enivrer, le sentiment prend de la rondeur et du moelleux, comme ce vin qu’on savoure en humble connaisseur, avec mesure. Il n’attend plus de grandes déclarations ni de projets fous mais se love avec bonheur sous un plaid, devant une bonne série et un plateau télé. Il se tisse de mille délicatesses quotidiennes et gestes qui n’ont plus besoin de mots pour être compris. Il devient confortable et rassurant, comme un vieux manteau qu’on enfile et dont on aime sentir le poids sur soi, dont on apprécie même les défauts car il s’adapte parfaitement et nous enveloppe de sa chaleur. 

Alors moi qui n’aime pas trop le temps qui passe, qui voudrait tant le fixer à travers mes mots comme pour retenir les moments où la vie paraît douce, je laisse l’instant passer. Et un autre après lui, puis un autre encore. Ils doivent s’écouler pour écrire notre histoire, dont je savoure chaque page, chaque mot, chaque lettre, avec gratitude. 

Entourez-vous d’êtres aimés, émerveillez-vous de minuscules riens, savourez l’instant…

Nourrissez-vous de ces joies éphémères, illuminez-en vos jours, car elles sont le rempart le plus puissant contre la nuit, dehors.