Travaux, suite et fin…
Si vous avez suivi mes aventures précédentes, vous savez qu’avec ma belle-soeur, on s’est mis en tête de donner ce qu’on appelle « un coup de frais » dans la cuisine de ma mère. Après une grosse première journée assez épique, les travaux se sont donc poursuivis le jeudi, puis le vendredi, avec au programme : du joint de carrelage, de l’enduit, de la peinture, un aller retour au magasin-suédois-de-meubles et le montage dudit meuble dans la foulée, et évidemment, pour terminer, un grand nettoyage…
Evidemment, ce genre de journées, c’est fatigant. Mais j’avoue que travailler avec ma mère – qui a bien sûr mis la main à la pâte – est une source perpétuelle d’étonnement. 77 ans, et la voilà qui grimpe à l’escabeau, s’étire comme un chat pour atteindre du bout de son pinceau un endroit un peu haut, monte et descend à la cave pour nous trouver des vis, des boulons, une scie, un mètre, de la colle, du fil de fer, du béton, une truelle, etc. Elle gâche le ciment, rebouche les trous, peint son plafond, et le lendemain, quand on revient la voir, on apprend qu’elle a encore profité de la soirée pour faire du tri et ranger la vaisselle… J’hésite entre l’applaudir avec admiration, et lui demander de ralentir (mais je crois que le verbe n’existe pas, dans la famille…)
Bref, c’est avec lassitude mais satisfaction que nous avons pu contempler la pièce remise à neuf à la fin de la semaine. Pour moi qui suis en pleine évolution, dans mon métier, mais aussi à titre personnel, c’est la métaphore idéale pour mettre des mots sur le travail que j’accomplis. En effet, travailler sur soi, et rénover une maison, c’est assez similaire. Pour opérer cette métamorphose intérieure, il faut un projet. Puis des outils, qu’on teste, qu’on adapte ; ils peuvent être vieux comme le monde, ou être issus de découvertes récentes (celles des neurosciences, par exemple) mais il faut de toute manière apprendre à s’en servir et à employer ceux qui permettront à notre esprit d’évoluer au mieux. Il faut ensuite des heures d’efforts, non physiques, cette fois, mais émotionnels, intellectuels, mentaux. On doit parfois détruire des choses, pour les reconstruire en mieux. On doit trier, se débarrasser de ce qui encombre. Il faut accepter de replonger dans ce qu’on a soigneusement camouflé derrière les meubles, remuer la poussière des vieux traumatismes, se délester des gravats, se salir les mains, se les blesser parfois. On doit créer, imaginer, ajuster. Rater, bien sûr, beaucoup, souvent. Et essayer encore.
Et quand le processus est terminé, on regarde le résultat avec fierté : ce n’est pas parfait, c’est du bricolage, peut-être un peu bancal, trop comme ceci ou pas assez comme cela, mais c’est propre, rien de sale ne reste caché dans un recoin, on a mis de la lumière et on a agrandi la pièce, elle est à notre goût, on s’y sent bien.
On est chez soi.
Tout cet enthousiasme ne m’étonne pas de vous ! ni celui de ta maman toujours autant dynamique …on ne reconnaîtra pas la pièce !