23 novembre : outre Atlantique, on fête aujourd’hui Thanksgiving.
En français, ça se traduit par « action de grâces ». « Gratia » en latin. Ça vient de gratus qui signifie « agréable » et ça a donné « gratuité », « gratitude ».
Dans l’idée de gratitude, pas de notion de dettes. On est reconnaissant à quelqu’un (ou à Dieu, ou à l’Univers, c’est selon) pour quelque chose d’agréable qu’il nous a donné, offert, sans rien attendre en retour. Parfois, cela ne nécessite même pas de remerciement : les enfants le savent bien, à Noël, quand ils reçoivent des cadeaux du bonhomme rouge. Ils n’ont personne à qui adresser leur gratitude et peuvent faire fi de cette obligation qui n’est parfois qu’une simple politesse, une manière de solder la dette. Quelle jubilation !
Mais quelle joie aussi de pouvoir dire merci à qui nous fait du bien ! Être re-connaissant : connaître la valeur de ce que l’autre nous donne, et par le « merci » sincère, marquer une deuxième fois cette valeur. L’ingrat est bien d’ailleurs celui qui ne veut rien devoir à personne, qui méprise le don que lui fait l’autre, qui ne reconnaît pas ce que ce don lui apporte.
Bon, ceci dit, il faut être honnête, en général, dire merci, on sait tous à peu près faire.
D’abord, parce qu’on nous a seriné ce réflexe depuis la plus tendre enfance.
Ensuite, parce qu’on est tous content quand quelqu’un nous offre de son temps, un service, ou un cadeau.
C’est plus difficile de percevoir ce même sentiment quand personne ne nous a rien « donné » de concret. Quand il ne s’agit que d’un événement positif qui a agrémenté notre quotidien : le soleil qui a brillé toute la journée, le pull qu’on a trouvé dans un magasin et qui était exactement ce qu’on cherchait, l’augmentation qu’on a obtenue sans l’avoir demandée…
On dit pourtant qu’exprimer sa gratitude pour toutes ces choses rend plus heureux. Vous pouvez ainsi tenir un carnet de gratitude, où vous notez chaque soir trois éléments qui vous emplissent de bien-être. Il paraît que le faire régulièrement augmente la sensation durable de bonheur…
Donc oui, bien sûr, on ne dit jamais trop « merci », un merci sincère, aimant. Même si ce « merci » ne s’adresse à personne en particulier.
Mais j’ai un autre exercice à vous proposer, beaucoup plus difficile celui-ci (selon une étude très sérieuse effectuée dans mon salon prenant en compte l’avis de ma belle-mère, mon mari, ma belle-sœur et mon chat). Il s’agit d’apprendre à recevoir la gratitude. En supprimant une fois pour toutes le « de rien » qui minimise non seulement ce que vous avez apporté à l’autre, mais semble lui dire « tu exagères avec ta reconnaissance ».
Comme c’est compliqué ! Je vous donne des exemples ?
« Merci de tout le temps que tu as passé à faire ça !
— Oh, tu sais, ce n’était pas grand-chose, j’avais justement du temps libre cette semaine… »
« Merci ! Sans toi, je n’y serais jamais arrivé !
— Oh, sûrement que si, je t’ai juste remotivée un peu… »
« Merci ! Tu es vraiment formidable !
— Ben voyons ! N’exagérons rien ! »
« Merci pour ton aide, vraiment.
— De rien ! »
Vous vous reconnaissez ?
Il suffit pourtant de remplacer le « de rien » par « ça m’a fait plaisir », ou « je suis content d’avoir pu aider »… On essaye ?