Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une sacrée nénette. Il s’agit de Lily Resh, Liliya dans la vraie vie (celle hors des rézosossio).
QUI EST LILY ?
Je ne suis pas sûre d’être capable de la présenter sans dire trop de bêtises, alors je vais me contenter de dire pourquoi je veux aujourd’hui la mettre en valeur. Notre rencontre – virtuelle pour l’instant – a eu lieu sur le terrain de la neurodiversité. Concernée à titre personnel, Liliya s’attache à explorer les différences entre les personnes et la richesse que cela peut apporter, notamment en entreprise. Elle propose depuis cette année une série de masterclass que j’ai la chance de suivre, qui tournent autour de cette question de la neurodiversité. Elle invite ainsi de nombreuses intervenantes (pour l’instant, c’est resté féminin !) expertes en leur domaine, passionnantes et pédagogues. Quant à elle, ce sont son empathie et son énergie qui la caractérisent le mieux.
LA NEURODIVERSITÉ À L’ECOLE : L’ÉQUATION IMPOSSIBLE
Cela m’a amenée bien sûr à revenir sur ma pratique en tant qu’enseignante et à essayer de comprendre une des raisons qui m’a éloignée de ce beau métier. Neurodiversité… hypersensibles, autistes, dys, HPI, etc. Autant de sigles et de termes techniques qui englobent des réalités variées et difficiles à mettre dans des cases. On en parle beaucoup dans l’Education Nationale, grande spécialiste des classements. Combien de fois ai-je d’ailleurs entendu des collègues se plaindre de tel ou tel élève, revendiqué « haut potentiel » par les parents mais qu’on considérait surtout comme perturbateur, ou je-m’en-foutiste, ou encore feignant invétéré. Car non, un élève pénible n’est pas pour autant hyperactif ou HP. Il peut être tout simplement mal élevé ou peu adapté au système scolaire ou… tant d’autres choses ! La vulgarisation de ces notions (notamment celle de haut potentiel) est une bonne chose car elle permet d’appréhender les différences entre les personnes, mais lorsqu’elle est reprise sans discernement, elle fait plus de mal que de bien.
En tant qu’enseignant, on est aussi submergé par la multiplication des « dys » – dysgraphique, dyscalculique, dysorthographique, etc. A ceux qui se plaignent d’une « mode », j’aurais envie de répondre qu’il s’agit plutôt d’un progrès… sur le papier du moins. Les neurosciences ont été suffisamment vulgarisées ces dernières années pour que je n’aie pas besoin d’expliquer à quel point on a progressé dans notre compréhension du cerveau, de son fonctionnement, du mécanisme des émotions, des systèmes de pensées dits en arborescence… Ce n’est pas étiqueter les enfants, mais cerner au mieux leur singularité et donc aussi leurs difficultés.
Vous me direz : mais c’est formidable ! Pourquoi râler, alors, quand on vous demande, à vous autres profs, de prendre en compte ces différences ?
On râle parce qu’on est frustré de ne pas pouvoir les prendre en compte, justement : on dispose d’une connaissance dont on ne sait que faire, et pire, qu’on doit laisser de côté car nous n’avons aucune formation sur le sujet, aucun moyen d’individualiser l’apprentissage dans des classes trop chargées. Bref on nous somme de tenir compte des différences tout en nous demandant de servir un système qui vise au contraire à formater… cette contradiction est bien à l’origine, entre autres, de la perte de sens du métier…
LE MODÈLE DUMBO : UNE RICHESSE POUR CHACUN
Beaucoup de livres sont écrits sur le sujet de ceux qu’on appelle « les neuroatypiques », et on voit fleurir sur le sujet des conférences, des webinaires, des sites, etc. Ce sujet n’est pas nouveau, pourtant, et cela fait des siècles qu’il est abordé dans… les contes de fées ! Ainsi, la petite sirène, prête à tous les sacrifices pour devenir autre que ce qu’elle est et se fondre dans la communauté humaine… ou le vilain petit canard qui souffre tant de sa laideur et est rejeté par les autres oiseaux… Ces récits accompagnent les parents depuis des générations pour aider les enfants à se comprendre et à s’accepter, à trouver leur place. Assumer sa différence, tout en étant inclus par le groupe : équilibre ô combien délicat et qui peut provoquer tant de souffrance !
Quand ils étaient petits, j’ai souvent adopté avec mes enfants le système de « la petite plume noire » : dans le dessin animé Dumbo, les corbeaux qui veulent aider l’éléphanteau lui donnent une plume noire, qu’il doit serrer dans sa trompe, et qui est censée l’aider, par magie, à voler. Jolie métaphore de la confiance en soi, et de la transmission de cette confiance. Et jolie fable qui nous raconte que lorsque nous connaissons notre différence et que nous l’acceptons, on peut en faire une richesse. De ses grandes oreilles, Dumbo va faire une force. La même différence physique qui était source de railleries devient à la fin de l’histoire source d’émerveillement pour tous.
Le slogan de Liliya est : « Je ne suis pas différent DE toi, je suis différent COMME toi ».
Alors, comment vos différences vous rapprochent-elles des autres ?
Par quels moyens faites-vous briller cette lumière singulière, qui vous anime et rayonne autour de vous ?
Comment votre différence vous permet-elle de voler ?