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Réconfort breton


Aujourd’hui, j’avais le cafard. Comme ça, sans raison valable. Un peu à cause du covid que j’ai finalement attrapé et de tous les débats assez stériles qui évoquent le virus dans les réseaux sociaux, un peu à cause de la mort de Gaspard Ulliel parce que bon, quand même, je ne le connaissais pas mais c’est toujours triste de voir une si belle vie fauchée bêtement aussi jeune, et beaucoup à cause de tout le reste qu’on oublie mais qui suit son cours tragique à l’autre bout du monde.

Alors j’ai fait des crêpes. Wow, vous dites-vous sûrement. Quelle révélation fracassante ! Quel sujet fou ! A quand le Goncourt avec un thème pareil ?!

Bon, à ma décharge, j’essaie actuellement de brancher mes deux neurones encore en état de fonctionner, entre deux quintes de toux et tandis que je bats des records d’apnée (coucou les sinus complètement bouchés !). 

Donc les crêpes, finalement, pourquoi pas ? C’est léger, délicieusement régressif, ça fait du bien. 

Enfin, léger. Façon de parler, hein. Parce que, quoi que je fasse et quelle que soit ma recette (en l’occurrence celle de Ginette Mathiot dont la bible culinaire se transmet de mère en fille), mes crêpes ressemblent toujours à des pancakes. D’un côté. Parce que de l’autre, ça ne ressemble à rien, ce sont des trous. 

J’ai tenté le billig, cette crêpière de compétition qu’on trouve en Bretagne. Je pense qu’à moins d’avoir des gènes bretons, d’ailleurs, c’est impossible de réussir à se servir de cette invention du diable. Et ne parlons même pas du rozell : grâce à cet ustensile, on est censé obtenir des crêpes bien rondes et d’épaisseur égale. Personnellement, j’ai toujours obtenu un rozell sale et un tas de pâte dégueulasse sur ma plaque chauffante. Exit donc le billig et retour à ma crêpière ordinaire. 

Au début, on est toujours tout content : le beurre grésille, la crêpe se colore en faisant « plop plop plop », des bulles de pâte gonflent et éclatent à la surface chaude, bref, on est très heureux d’avoir eu cette bonne idée. 

Au bout de dix, on commence à en avoir un peu ras le bol, et au bout de vingt, on se promet que jamais plus on ne fera des crêpes parce que c’est vraiment interminable. 

Et puis la frustration ! j’ai tout essayé : poêle très chaude, ou tiède, pâte plus ou moins liquide, au lait, à l’eau, à la bière, versée d’un coup au milieu en donnant un tour de poignet pour étaler, ou bien sur les côtés en inclinant la crêpière. Rien n’y fait. Je me retrouve toujours avec quelque chose d’indéfinissable, qui n’a de crêpe que le nom. J’ai bien essayé de demander des tuyaux à ma mère, qui les réussit à la perfection. Mais autant elle a su faire de moi une pro de la béchamel, autant pour les crêpes, je pense que je suis un cas désespéré. 

De crêpe parfaite, jamais. Sinon au goût, apparemment (sauf quand j’oublie le dé de rhum, ce qui a fait dire à mes fils, un jour, qu’elles étaient moins bonnes)(je m’inquiète un peu de cette appétence précoce pour l’alcool) puisqu’à l’heure du goûter, mes magnans les engloutissent en beaucoup moins de temps qu’il n’en a fallu pour les faire. 

Ça valait bien le coup, tiens. La prochaine fois, je fais un gâteau au yahourt. 

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