La dépression a ceci de déconcertant qu’elle fait de soi son propre ennemi. Même quand on émerge des journées où les idées noires sont les seules à peupler le cerveau, il reste des abattements soudains, des fatigues brusques et intenses, l’impression douloureuse d’être revêtue d’une peau toute neuve et fragile, qui s’irrite au moindre frottement.
Certains jours, on teste ses forces, on se relève avec prudence, on fait quelques pas timides. Et l’on s’étonne de tenir seul debout, et même de pouvoir marcher sans s’effondrer. On se redécouvre, étranger familier, avec une connaissance nouvelle de son territoire intérieur, de ses chemins faciles et de ses failles sournoises.
Au long du parcours, certaines rencontres vous font avec douceur reprendre contact avec vous-mêmes. Elles surgissent parfois quand on ne les attend pas et mettent du baume sur votre humanité à vif.
Ainsi, j’ai eu le plaisir d’être invitée grâce à mon irremplaçable belle-sœur, Valérie Lafforgue consultante patrimoniale, à l’inauguration des locaux de Patte d’Amande Communication, une agence de communication. « Agence de com » : cela évoquait pour moi des locaux design, une ambiance de cocktail un peu pincée, et des personnes sophistiquées parlant de choses totalement inconnues de moi telles que « charte graphique », « identité visuelle » ou « stratégie marketing »…
Je ne vous cacherai pas que certains de ces mots ont été effectivement employés… Mais pour le reste, j’ai pu constater que la réalité correspond rarement à l’idée qu’on s’en fait.
J’ai découvert des locaux doux et tendrement colorés, à l’image de l’entreprise d’Amandine, dont toute la personne rayonne d’authenticité et de gentillesse. Et clients et amis présents ce soir là étaient sur la même longueur d’onde. J’y ai croisé des personnes attentives, curieuses, bienveillantes (même si ce mot est galvaudé, il prenait ce soir là tout son sens), pleines d’humour et de passion, ne se prenant pas au sérieux, et toutes prêtes à me conseiller et m’encourager quand j’évoquais ma reconversion. (mention spéciale à Caroline Caure Conseil RH) A ma grande surprise, je me suis rendue compte au bout d’un moment que je venais de discuter sans effort et avec grand plaisir pendant plusieurs heures avec de parfaites inconnues, en négligeant même – sacrilège pour moi ! – de faire honneur aux délicieuses verrines et petits fours concoctés par le chef Joris home Chef
Alors bien sûr, je ne dis pas que je vais devenir la reine des soirées, la queen des cocktails, la diva des dîners dansants (quoique ? juste pour le plaisir de l’allitération…). Mon corps d’ailleurs s’est empressé de me signaler qu’il ne récupérait pas aussi vite qu’avant – dois-je mettre cela sur le compte de la dépression ou de l’âge qui avance, je n’en sais rien et ne me prononcerai pas !
Mais en me levant après une nuit de dix heures, j’avoue que j’ai senti en moi, un peu plus ancrée que la veille, la conviction que le chemin à venir allait être passionnant et beau.
(à noter que l’agence est située juste à côté d’une cave à vin… si ça, ça ne présage pas que du bon… ?! )